Grégorien

Le Grégorien, « chant propre de l’Église romaine » (Vatican II, Cons­titution sur la sainte Liturgie, 116), a été attribué au pape saint Gré­goire le Grand (590-604). En fait, saint Grégoire a surtout fixé le texte des prières romaines dans son Sacramentaire grégorien, de même que le formulaire des diverses pièces chantées à la messe. D’autre part, le Grégorien a certainement hérité de Rome les récitatifs du célébrant (oraisons, Préfaces) et la structure mélodique de base.

Sa forme classique n’est cependant pas apparue avant le VIIIe siècle, qui enrichit le fonds romain de l’ornementation gallicane. Le Chant grégorien est donc le résultat de la confluence des traditions romai­nes et franques ; sa diffusion est due à l’action unificatrice de Charlemagne, servie bientôt par les premières notations manuscrites en signes neumatiques, si précieux pour l’intelligence du rythme et de l’interprétation grégorienne (Ixe-xe siècles). Les chants de la messe et même de l’office sont transmis avec une grande fidélité au cours des siècles suivants, quels que soient les types de notation. Une plus grande liberté existe pour le Kyriale.

Des excroissances grégoriennes se développent simultanément : séquences, tropes,proses, hymnes de toutes sortes, plus ou moins liés à la musique populaire.

A la fin du Moyen Age, on avait perdu le sens du mot latin dans la phrase musicale, le sens du rythme et de la modalité. La concurrence de la polyphonie et du contrepoint alourdissent les mélodies grégo­riennes classiques, si remarquables par leur souplesse et leur légè­reté ; le Grégorien est transformé en « plain-chant », ce chant uni (planus), grave et soutenu, qui est un chant monodique destiné à des foules : les Messes de Henry du Mont (1610-1684) en sont un exemple de qualité ; le regrettable est qu’on ait amputé les pièces classiques, pour les adapter à ces nouveaux canons.

On sait comment l’Abbaye de Solesmes fut la cheville ouvrière de la restauration grégorienne dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous l’impulsion de Dom Guéranger ; cette redécouverte est partie de l’étude minutieuse des manuscrits de Chant grégorien, étude qui s’est concrétisée dans la publication de la Paléographie musicale. Le mot latin et son accentuation, le neume ou signe manuscrit mélodique et rythmique, la modalité : telles sont les clés essentielles d’une interprétation authentique du Grégorien. Les principaux livres de Chant grégorien sont l’antiphonaire et le graduel.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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  • L’histoire du chant grégorien, chant propre à la liturgie romaine

    L’Eglise romaine, qui n’a pas pris moins de vingt siècles pour opérer un discernement sur l’ensemble des musiques nées de la liturgie, a récemment décidé de reconnaître la valeur du chant grégorien, en l’estampillant du label : « chant propre à la liturgie romaine ». Pourtant, reconnaissons-le, dans la pratique des paroisses, l’usage de ce chant demeure l’exception. Soyons honnêtes : nous boudons le chant grégorien.

  • Le chant grégorien hier et aujourd’hui

    Dans ses éléments primitifs, le chant grégorien est bien antérieur à saint Grégoire qui vécut au VIe siècle. Les hymnes les plus anciennes, certains récitatifs des lectures, le chant de la Préface et du Pater, les mélodies les plus simples du Gloria et du Sanctus peuvent être rapprochés des chants de la synagogue et remonteraient aux tous premiers siècles.