Imposition

Dans toutes les religions, le geste de l’imposition des mains — de la main droite surtout — fait partie des rites les plus significatifs. Il transmet la bénédiction divine (Gn 48, 14-19) et exprime, d’une manière ou d’une autre, la mainmise de Dieu sur un être et la communication de son Esprit (Ps 138, 5). Il continue, dans les sacrements, les gestes du Seigneur et de ses apôtres. Dans l’ordination diaconale, presbytérale et épiscopale, l’imposition des mains en silence, avant la prière consécratoire, constitue la « matière » du sacrement de l’ordre, c’est-à-dire son signe sensible essentiel ; il signifie la transmission de l’Esprit et des pouvoirs qu’il donne en vue de l’œuvre apostolique (Ac 6, 6 ; 13, 2-3 ; 1 Tm 4, 14 ; 2 Tm 1, 6).

L’évêque fait ce geste sur la tête de chacun des ordinands ; pour l’ordination presbytérale, tous les prêtres présents imitent son geste après lui. Avant le rite essentiel du sacrement de la confirmation, l’évêque et les prêtres qui vont procéder avec lui aux onctions, imposent les mains sur l’ensemble des confirmands (Ac 8, 17 ; 19, 6). Dans les rites préparatoires au baptême, l’imposition des mains est liée aux exorcismes ; elle peut remplacer l’onction d’huile des catéchu­mènes.

Au moment de l’absolution, dans le sacrement de la péni­tence, le prêtre étend les deux mains, ou une seule, vers le fidèle qui vient de confesser ses péchés : il manifeste ainsi son pouvoir de délier et de réconcilier. Dans la célébration du sacrement des malades, l’imposition des mains en silence précède immédiatement les onctions (Mt 8, 3.15 ; Mc 5, 23 ; 16, 18). Lors de la consécra­tion du saint chrême à la messe chrismale, les prêtres présents se joignent à l’évêque pour étendre la main droite vers le chrême, à la fin de la prière consécratoire.

A la messe, le célébrant et les concélébrants imposent les deux mains sur les oblats au moment de la première épiclèse : ce geste appelle l’action consécratoire du Saint-Esprit. Quand on le compare aux gestes analogues de l’ancienne Alliance (Lv 1, 4), on peut y voir aussi une manière de signifier que tous les fidèles, par l’intermédiaire du prêtre, se lient à cette offrande pour « passer » à Dieu avec la victime (voir Sacré, Sacrifice) ; au sens premier, « descendant » du geste, se joint un sens second, « ascendant » (voir Liturgie). Le rite des Expiations en Israël prévoyait une imposition des mains sur le bouc émissaire, pour signifier qu’on le chargeait de tous les péchés du peuple (Lv 16, 21) : cette signi­fication est-elle étrangère au mémorial du sacrifice de l’Agneau qui porte les péchés du monde (Jn 1, 29) ?

Pour la consécration du pain et du vin, les concélébrants tendent la main droite en direction des hosties, puis en direction du calice. A la fin de la messe, le célébrant impose les mains sur l’assemblée toute entière pendant la triple invocation qui précède la bénédiction solennelle, prévue en certaines occasions. Noter encore que le geste de béné­diction usuel, qui est le signe de croix, est une manière d’imposer la main.

Dans le domaine liturgique, on parle aussi de l’ « imposition » d’un vêtement blanc après le baptême, de l’étole et de la dalmatique après l’ordination diaconale, de l’étole et de la chasuble après l’ordination presbytérale, du voile après la consécration des vierges, de la coule après la bénédiction du moine, etc. L’« imposition » des cendres ouvre le Carême. Quant à l’ « impo­sition » d’une antienne à l’office, elle est synonyme d’intonation. « Imposer » de l’encens, c’est en répandre sur les charbons de l’encensoir.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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