Le sacrement de pénitence et de réconciliation pour les néophytes et recommençants

30 mars 2013 : Vigile pascale. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75) France.

30 mars 2013 : Vigile pascale. Paroisse Saint-Ambroise, Paris (75) France.

Par Louis Groslambert, Prêtre, responsable de la pastorale et de la musique liturgique du diocèse de Belfort-Montbéliard

Cette démarche de conversion à laquelle nous sommes tous invités, les nouveaux baptisés et les recommençants la font avec une particulière intensité. « Ces hommes et ces femmes découvrent et vivent l’actualité du mystère du salut de l’intérieur même de leurs attentes et de leur existence souvent précaire.(1) »

Les néophytes (personnes nouvellement baptisées)

Une année post-baptismale déterminante

Durant l’année qui suivra leur baptême, ils vont faire un parcours de « mystagogie » avec les équipes d’accompagnement tout en s’efforçant de s’insérer dans leur communauté. Pour des raisons pastorales, dans certains diocèses en France, le terme de cette année est marqué par la confirmation. Dans d’autres diocèses, les personnes sont confirmées le jour du baptême (2) et, au terme de cette année post-baptismale, fêtent avec l’évêque l’anniversaire de leur baptême. Il serait bon à cette occasion, de célébrer le sacrement de pénitence et de réconciliation.

Inscrire le sacrement de réconciliation dans cet itinéraire

Pourquoi ce sacrement ? Parce qu’il est, traditionnellement, celui de la replongée « à sec » dans le baptême. Au bout d’un an d’expérience chrétienne, un premier bilan s’impose : « Baptisé, qu’as-tu fait de ton baptême ? Lui as-tu été fidèle ? À quoi Dieu t’appelle-t-il ? »

« En s’ouvrant à la révélation de Jésus Christ, et en se laissant transformer par son Esprit Saint, ils [les néophytes] découvrent que la vie dans la foi est une conversion permanente, et que l’on n’en finit pas de commencer à croire, de devenir chrétiens. C’est le baptême qui retrouve ainsi sa pleine signification. (3) »

Comment le célébrer ?

Cette mémoire du baptême pourrait prendre une journée. Après avoir écouté la Parole de Dieu, les néophytes disposeraient d’un temps personnel de réflexion et de prière et d’un moment de partage d’expériences entre eux. Ils recevraient ensuite de l’évêque, une catéchèse et une exhortation. Après avoir fait le point sur le plan spirituel et avoir participé au sacrement de pénitence et de réconciliation, ils pourraient au terme de l’action de grâce, être envoyés en mission par l’évêque.

Quelle signification ?

L’évêque qui leur avait adressé l’appel décisif au baptême poursuivrait ainsi, sa relation avec les baptisés dans la dynamique directe de l’initiation chrétienne. On aurait affaire à une véritable « mémoire » de cette initiation, non seulement à travers la catéchèse et l’exhortation morale, mais, plus encore, à travers le sacrement de la réconciliation.

Les recommençants

Qui sont-ils ?

Il s’agit de baptisés qui, après avoir perdu tout lien visible avec l’Église, à l’adolescence ou à l’âge adulte, « découvrent que la foi n’est pas d’abord un héritage culturel, mais un don de Dieu qui change la vie, la façon de la regarder et de la construire (4) ». Alors, ils demandent à réentendre la Bonne Nouvelle et veulent reprendre une vie chrétienne réelle voire exigeante. « Quand on a vécu une épreuve ou une découverte, on n’accueille pas la révélation de Dieu de la même façon que lorsqu’on a suivi un parcours relativement continu. (5) »

L’intégration à la communauté

Bien sûr, ils ne souhaitent pas de publicité sur leur démarche, pas de cérémonie particulière. Mais s’ils participent à un sacrement avec la communauté, ils comprennent qu’ils y ont retrouvé leur place. Le sacrement de pénitence et de réconciliation est le lieu où se manifestent le plus clairement le renouvellement du baptême, la réconciliation avec Dieu et avec l’Église, bref, le retour à la vie chrétienne et ecclésiale. Il est à noter cependant que l’intégration à la communauté s’exprime non seulement par le sacrement mais aussi par la participation à un groupe paroissial de prière, de formation ou de solidarité.

La mise en œuvre du sacrement de réconciliation

Il sera préparé avec soin et délicatesse ; on donnera au dialogue avec le prêtre la forme et la durée nécessaire à l’expression de la personne, et on prévoira un geste qui montre la réconciliation entre tous les fidèles. Si les recommençants acceptent que des gestes particuliers soient faits à leur intention, on peut s’inspirer des célébrations du temps du catéchuménat prévu dans par le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) :

  • bâtir une célébration centrée sur le signe de la croix (RICA n° 88-90) ;
  • remettre le livre des évangiles (RICA n° 98),
  • proclamer le Symbole de la foi ou/et le Notre Père (RICA n° 180 et 181, 185) ;
  • recourir – en supprimant le mot « catéchumène » – à l’une ou l’autre des onze oraisons prévues pour les premiers exorcismes (RICA n° 115).

Ainsi, en insérant le sacrement de pénitence et de réconciliation dans un véritable itinéraire de « reprise » du baptême, on manifesterait la place qu’il est appelé à trouver chez les néophytes et les recommençants tout au long de leur vie chrétienne.

 

 

Notes :

1. Mgr Claude DAGENS Lettre aux catholiques de France, rapport aux évêques, Paris, Cerf, 1996, p. 54. 2. Voir Rituel de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) n° 211 et 292-296) 3. Mgr C. DAGENS Lettre aux catholiques de France, Proposer la foi dans la Société actuelle. Paris, Cerf, coll. « L’Histoire à vif », 2008, p. 27. 4. Ibid., p. 25. 5.Mgr C. DAGENS Lettre aux catholiques de France, rapport aux évêques, Paris, Cerf, 1996, p. 54.

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