Le Gloire à Dieu

Février 2016 : Christ Pantocrator de la cath. Santa Maria Nuova (Sainte Marie la neuve) de Monreale, Sicile, Italie.

Février 2016 : Christ Pantocrator de la cath. Santa Maria Nuova (Sainte Marie la neuve) de Monreale, Sicile, Italie.

Par Serge KerrienDiacre permanent du diocèse de Saint-Brieuc, conseiller pastoral du SNPLS

Au Kyrie eleison succède, sauf pendant l’Avent et le Carême, l’hymne Gloire à Dieu. Ici, le chant n’accompagne pas le rite (il ne se passe rien pendant le chant) ; le chant est le rite. Cela aura des implications sur sa mise en œuvre.

L’hymne dans la liturgie

L’hymne est un chant. Saint Augustin disait fort justement : « S’il y a louange, et louange de Dieu, mais que le chant manque, il n’y a point d’hymne . » Personne n’aurait l’idée de réciter la Marseillaise devant un monument aux morts ou au début d’un match. Mais la musique seule ne suffit pas pour faire l’hymne : il faut un texte. Paroles et musique ont la même importance et certains musiques ne sauraient convenir parce qu’elles ne créent pas l’acte de louange que requiert le rite. L’hymne est aussi un rite collectif. Dans la liturgie, il est un acte de l’assemblée que le chorale ou un soliste ne doit confisquer. Enfin, son aspect lyrique fait de l’hymne un chant à part dans la liturgie. Donc si le Gloire à Dieu ressemble à un cantique, il n’est plus une hymne. S’il est écrit sur la même mélodie que le Kyrie, on en tue toute la dimension lyrique, ce qui fait sa particularité.

L’hymne Gloire à Dieu

D’abord hymne du matin, le Gloire à Dieu fut introduit à la messe à l’occasion de la liturgie de la Nativité. Ensuite, on l’étendit aux messes présidées par l’évêque, puis aux messes du dimanche et aux fêtes des martyrs. Enfin, au XIe siècle, les prêtres l’introduisaient à leurs propres messes quotidiennes.

Le texte est encadré par deux expressions : Gloire à Dieu et Dans la gloire de Dieu le Père qui le situent dans le rayonnement de cette gloire qu’on acclame. Le reste est fait d’éléments divers de la prière chrétienne proches des psaumes : « Louer, bénir, adorer, glorifier, rendre grâce, Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Très-haut ». Sa structure est trinitaire : de Dieu le Père, on passe au Christ et on arrive à l’Esprit dans la doxologie. En le chantant, nous faisons le chemin de la prière chrétienne et de la théologie du salut : toute vie chrétienne est quête de Dieu, commencement et fin de toute chose, et le Christ est le passage nécessaire à notre quête où l’Esprit nous guide.

Le texte est divisé en deux parties. La première s’adresse au Père dont nous chantons la gloire avec les anges ; la seconde s’adresse au Christ, celui en qui vient la paix du ciel, et nous le supplions d’achever, en nous et dans le monde, son œuvre de paix. En chantant le texte, les chrétiens se rappellent et rappellent que le salut et la paix sont promis à tous les hommes. Le Gloire à Dieu nous fait sortir de nos petitesses, de nos égoïsmes pour fixer nos regards sur Dieu et chanter sa gloire plutôt que nos propres satisfactions.

Ainsi, le couple Kyrie eleison-Gloire à Dieu résume les deux grands temps de la prière chrétienne : la supplication et l’action de grâce.

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