Sacerdoce

Le mot latin sacerdotium : « condition de prêtre » vient de sacerdos : « prêtre ». Le prêtre* est celui qui est doté du sacré* (sacer « sacré » et dotare « doter ») et qui, en conséquence, peut donner le sacré (Sacerdos quasi sacrum dans : « Prêtre comme don­nant le sacré », dit saint Isidore de Séville en ses Etymologies). Comme le sacré est le caractère de tout ce qui touche à Dieu (voir Sacré), le sacerdoce implique une proximité du divin. Dans toutes les religions, le sacerdoce ou la fonction des prêtres consiste bien dans le redoutable devoir et privilège de l’accès au divin ; le prêtre est le préposé au sacré. Dans l’ancienne Alliance, les prêtres sont aussi ceux qui « s’approchent de Yahvé » (Ex 3, 5 ; Lv 9, 7 suiv. ; 21, 17.21 ; Ez 44, 15 ; etc.) pour recevoir sa Parole et la transmettre au Peuple, comme pour lui offrir les sacrifices d’Israël (Ml 2, 7 ; Ex 29, 24.26).

Cependant, dès l’Alliance du Sinaï, le dessein de Dieu est de faire de tout le Peuple « un royaume de prêtres » (Ex 19, 6 ; cf. 1 P 2, 9) ; en vertu de l’Alliance, en effet, c’est tout le Peuple-Épouse qui est uni à la vie de son Dieu et reçoit donc en dot le sacré. Toutefois, parce que le Peuple est pécheur, d’une part, et parce que, d’autre part, il a besoin de signes vivants de la présence agissante de son Dieu, les prêtres lui sont indispensables.

La communauté de vie entre Yahvé et Israël était symbolisée au Sinaï par l’aspersion de l’autel et du Peuple avec le même sang des animaux immolés (Ex 24, 5-8). La nouvelle Alliance est scellée dans le propre sang de Jésus, vrai Dieu et vrai homme ; elle nous assure donc une parfaite proximité du sacré, qui est la vie même de Dieu. Le sacerdoce de Jésus, grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech, a sa source dans sa génération éternelle comme Fils dans le sein du Père, ainsi que l’enseigne l’épître aux Hébreux (6, 5-6), le seul texte du Nouveau Testament qui présente le Christ en tant que prêtre.

Grâce à lui, qui est la Parole même de Dieu (1,3) et qui, par son sacrifice, assure la perfection de la Rédemption (cf. 9, 12), les baptisés peuvent « s’avancer vers Dieu » (7, 25) et « avoir accès au sanctuaire » (10, 19) : le privilège des prêtres, qui est de s’approcher de Dieu, est donc devenu le leur (cf. 12, 22).

Le sacerdoce des fidèles est leur capacité d’approcher Dieu et d’entrer dans sa vie, grâce à leur union au Christ dont ils sont l’Épouse et le Corps. Configurés au Christ par les caractères de baptême et de confirmation, ils exercent, principalement dans la liturgie, la vie divine qui est en eux, dans l’attente de la consom­mation de l’Alliance en la Jérusalem céleste.

Pour qu’ici-bas l’Église ait l’assurance d’approcher Dieu et de s’unir à Jésus, le Christ lui a laissé des signes vivants de son amour actif. L’évêque — c’est à lui qu’était réservé dans les premiers siècles le titre de sacerdos — est dans son église la présence visible du Christ dont il reçoit les pouvoirs. Participant au sacerdoce de l’évêque, les prêtres peuvent aussi agir in persona Christi, « en la personne même du Christ », là où ils sont envoyés par l’évêque pour le remplacer. Face à l’assemblée, le prêtre est le Christ, surtout dans l’Eucharistie, acte central où il « fait le sacré » (voir Sacrifice).

On voit de la sorte comment le sacerdoce ministériel de l’évêque et de ses collaborateurs est au service du sacerdoce commun des fidèles : signes vivants de l’Époux, ils permettent à l’Épouse — qu’ils sont eux aussi sous un autre rapport — de s’unir au Christ et d’entrer ainsi dans la vie divine.

La liturgie, définie par le deuxième concile du Vatican comme « l’exercice de la fonction sacerdotale de Jésus-Christ », fonction à laquelle « il associe toujours l’Église, son Épouse bien-aimée » (Constitution sur la sainte Liturgie, n° 7), est l’acte source et sommet (cf. n° 10) de la vie de l’Église, d’où provient et où va tout son dynamisme de vie divine, dans le Christ et l’Esprit Saint à partir du Père et vers le Père.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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