Sacrement

Acte ou réalité relative au sacré. Le sens premier de sacramentum, en latin, est « serment » : on jure sur le sacré. Le sacramentum contient le sacré comme le medicamentum (« médicament ») contient la médecine (au sens de remède) ou comme le monumentum (« monument ») contient ce dont il faut se souvenir (monere).

L’humanité du Christ, unie à la Personne du Fils de Dieu, peut être dite le « sacrement » de Dieu : « en lui habite corporellement toute la plénitude de la Divinité » (Col 2, 9). C’est de l’humanité du Christ que découle la vie divine animant les membres de son Corps mystique : le sacrement total de Dieu — ou sacrement – source — est donc tout le Corps du Christ, Tête et membres, habités par la vie même de Dieu.

Dans cette perspective, le deuxième concile du Vatican a pu définir l’Église comme « étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen, de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain » (Constitution dogmatique sur l’Église, n° 1).

Dans l’attente, en effet, de la parfaite insertion de l’Église dans la vie de Dieu, le Christ qui est dans la Gloire divine sanctifie son Corps, non directement par son humanité sainte, mais par l’Église, son Épouse et son asso­ciée dans l’œuvre de la Rédemption. A l’intérieur même du sacre­ment-source qu’est l’Église, la Tradition a retenu sept sacrements, qui sont les actes principaux du Christ et de l’Église dans la sanc­tification des hommes.

Signes extérieurs de la grâce intérieure, ou signes efficaces de la grâce, les sacrements correspondent à la nature humaine, à la fois spirituelle et sensible. Quand on dit que les sacrements agissent ex opere operato, il ne faut pas comprendre qu’ils ont une efficacité automatique, mais bien qu’ils sont d’abord un acte de Dieu direc­tement institué par le Christ, acte qui obtient son effet dans la mesure où les dispositions humaines d’accueil sont présentes. C’est dans les sacrements que la liturgie manifeste le plus clairement sa structure de rencontre entre Dieu et son Peuple:, rencontre où l’initiative revient à Dieu et où le consentement revient au Peuple (voir Litur­gie).

Comme la vie de la grâce est liée à la vie naturelle de l’homme, les sacrements sanctifient les principales étapes de la vie humaine et ses principaux états. Le baptême est la naissance à la vie divine ; la confirmation est l’accession à l’âge adulte dans la foi ; l’Eucha­ristie est la clef de voûte de tout l’ordre sacramentel, en ce sens qu’elle est l’actualisation parfaite de l’Alliance et la communion complète au Christ.

Ces trois premiers sacrements sont appelés « sacrements de l’initiation ». Le mariage sacralise l’union des époux en vue de la procréation et de l’éducation des enfants ; l’ordre donne à l’Église ses ministres : évêques, prêtres et diacres. La pénitence permet de recouvrer la vie de la grâce ou d’en affiner l’exercice. Le sacrement des malades est à la fois un soulagement et une purification, dans la perspective d’un passage avec le Christ vers la vraie vie.

Une terminologie héritée de saint Augustin distingue, en ce qui concerne l’effet des sacrements, le sacramentum tantum, qui est le signe extérieur, purement et simplement (action de verser l’eau, pain et vin, etc.) ; la res tantum, qui est l’effet ultime des sacre­ments : la grâce de l’Esprit Saint, donnée dans le contexte de chaque sacrement ; enfin le res et sacramentum, réalité intermédiaire, à la fois premier effet et signe d’un effet ultime : c’est le caractère dans les sacrements de baptême, de confirmation et d’ordre, la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie. Pour de plus amples précisions, consulter les traités de théologie. Voir Matière, Forme, Esprit Saint.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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